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NEWSLETTER 2022 / T2

CRYPTOMONNAIES, PRINCIPES ET ENJEUX

Face à l'essor des cryptomonnaies, il est utile d'en comprendre les principes et d'analyser les évolutions en cours de ces techniques modernes pour établir, initialement, des transactions sans l'intervention d'une instance étatique et d'une banque centrale. Mais ces systèmes de transaction sont appelés, in fine, à être encadrés avec de nouvelles juridictions gouvernementales que préparent les grandes économies mondiales.

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PARTIE 1 : RAPPEL SUR LA NAISSANCE DE LA MONNAIE

 

La monnaie est une nécessité pour faciliter les échanges de biens. Sans elle, les transactions seraient rendues plus difficiles voire impossibles. C’est un formidable levier de développement qui apporte de la fluidité d’où l’appellation commune de « liquide ». Elle n’est pas une condition suffisante mais nécessaire à l’essor économique d’une population. Son existence remonte à plusieurs milliers d’années puisque même les populations primitives utilisaient les principes de la monnaie pour acheter et vendre des biens.

Pour acquérir un bien A, il est possible de le faire par le troc immédiat c’est-à-dire contre l’échange d’un bien B jugé équivalent. Mais si l’une des parties n’a pas un produit adéquat ou disponible, le troc est impossible. Par exemple, un producteur de pommes ne peut les proposer qu’en période de cueillette. Egalement, une personne peut, ne pas être intéressée par ce que propose l’autre partie et dans ce cas il n’y a pas d’échange. Le troc a donc été vite relégué par d’autres moyens pour faciliter les transactions.

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Principe du troc immédiat : la personne bleue donne un bien A et reçoit en échange un bien B de la personne orange.

Le crédit s'est vite rendu indispensable. Reprenons le producteur de pommes. S’il acquiert un outil agricole A, il peut s’engager à régler en pommes mais plus tard, au moment de la cueillette des fruits. Dans ce cas, les deux parties conviennent d’un accord verbal ou écrit. Le producteur de pommes reçoit le bien A qu’il convoite et il fournira, quelques mois après, une quantité de pommes en échange.

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Principe du crédit : la personne bleue donne un bien A et quelques temps après la personne orange donne en échange un bien B.

Mais ce système ne règle pas le problème du vendeur du bien A qui ne serait pas intéressé par des pommes. Dans ce cas, il faudrait trouver un bien universel susceptible d’intéresser tout le monde. L’or est ainsi devenu une monnaie d’échange étendue et sa rareté a permis qu’une correspondance entre son poids et la valeur d’un bien soit établie. Ainsi, il a constitué une « proto-monnaie » vite limitée face à l’insuffisance de matière première pour toutes les transactions qui se developpaient.

L’état s’est alors arrogé le droit de stocker l’or dans une banque centrale et d’émettre une monnaie sous forme de pièces de métal frappées en apportant la garantie de leur valeur en équivalent or. Cette notion, très importante, a permis de fluidifier les transactions et de les simplifier. Face à l’augmentation des richesses due à la création de nouveaux biens, il pouvait créer de nouvelles pièces et d’années en années des économies prospères sont apparues avec des volumes de richesses importants.

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Principe de la transaction monétaire : la personne bleue vend un bien A à la personne orange qui paie avec des billets émis par la banque centrale et garantis en valeur par l'Etat.

 

Plusieurs monnaies ont ainsi été créées, avec des garanties d’Etat et une économie locale plus ou moins solides si bien que des échelles de conversions sont apparues pour la valeur d’une devise en une autre.

Tout monnaie exige donc de base une autorité politique (L’Etat), une autorité financière (La Banque centrale) et des richesses produites et échangées entre les citoyens avec une monnaie garantie.

La cryptomonnaie rompt avec ce système puisqu’elle s’affranchit de l’autorité politique et financière et permet des échanges de valeurs entre individus directement. Elle connaît à ce jour un fort engouement à travers le monde et un usage croissant dans les pays africains, sud-américains ou sud-asiatiques. Si le Bitcoin, créé par Satoshi Nakamoto en 2008, est le plus cité, ce n’est pas la seule devise disponible puisqu’il en existe plusieurs dizaines et la liste risque de s’allonger avec l’arrivée de cryptomonnaies proposées par certains états eux-mêmes comme l’e-Naira du Nigéria ou même l’US Dollar Coin (USDC) des USA récemment.

PARTIE 2 : PRINCIPES DE LA CRYPTOMONNAIE

A l’origine, la cryptomonnaie s’affranchit totalement de l’appui de banques ou d’états.  Grâce à des logiciels, elle est créée de manière distribuée par un réseau d’ordinateurs (pool mining), connectés entre eux par Internet. Chaque unité de devise est garantie par une blockchain c’est-à-dire l’équivalent d’un registre infalsifiable qui garantit son intégrité et est similaire à la numérotation apposée sur chaque billet émis par une banque centrale. L’unité de devise s’apparente au billet physique rendu difficilement falsifiable avec des techniques d’impression complexes sur des papiers spécifiques. La cryptomonnaie reprend donc les principes de la monnaie traditionnelle à savoir une unité de devise créée suivant des processus complexes et la tenue d’un registre certificateur garanti par la blockchain.

Pour créer de la monnaie numérique d’une devise donnée, il faut « miner » c’est-à-dire intégrer un réseau d’ordinateurs (mining pool) et fournir régulièrement des traitements informatiques pour vérifier des blocs de transactions (blockchain) en échange de quoi le mineur reçoit, en cas d’aboutissement, des compensations en coins qui viennent augmenter les quantités en circulation.

Le minage sert aussi à la validation des transactions et écarte toute possibilité de fraude qui renforce la confiance des utilisateurs comme le ferait une banque centrale traditionnelle.

 

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Les individus A, B, C, D minent leurs propres cryptomonnaies, en achètent éventuellement et stockent la totalité offline sur une clef USB sécurisée. L'individu E fait la même chose mais stocke en ligne chez un prestataire de service spécialisé en cryptomonnaies. Des solutions mixtes offline et online sont possibles.

Cependant, il nécessite des investissements en équipements informatiques conséquents, des dépenses d’électricité importantes, un logiciel open source ou payant pour les traitements et d’un wallet crypto pour y placer les coins durement gagnés. Ces contraintes induisent des consommations électriques très importantes dans le monde qui dépassent, à elles seules, celles de la Finlande. Pour ces raisons, la Chine a interdit le minage par des particuliers en 2021 et l’UE pourrait suivre cette initiative.

Avec la cryptomonnaie la notion de liquidités n’a jamais été aussi bien portée. En effet, les transactions internationales qui transitent habituellement par les systèmes bancaires n’ont plus cours. Un échange de valeur peut se faire directement entre deux personnes dans deux pays différents sans passer par les organisations en place comme SWIFT par exemple.

De plus, un paiement en cryptomonnaie peut se faire sans avoir à justifier d’informations personnelles puisque la devise est réputée infalsifiable , sa valeur est donc assurée et sa conversion en monnaie physique possible.

 

Etant répartie sur un réseau d’ordinateurs connectés entre eux par Internet, elle est disponible partout dans le monde à tout moment et constitue un moyen de paiement extrêmement portable. Les coins peuvent être stockés offline sur des clefs USB spécifiques ou online sur des serveurs qui jouent le rôle de banques. Par exemple, la société Ledger, start-up française qui a levé récemment 75 millions d’euros, propose des solutions de stockage de cryptomonnaies offline ou online.

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Exemple de clef de stockage de cryptomonnaie sur une clef USB sécurisée fournie par un prestataire privé comme Ledger ici avec son produit Nano X.

Les transactions sont également irréversibles. Les paiements frauduleux ne peuvent pas avoir lieu comme c’est le cas par exemple avec les cartes de crédit qui induisent des cotisations annuelles imposées par les banques pour assurer ce moyen de paiement.

Ainsi, la cryptomonnaie constitue aujourd’hui un moyen alternatif au système bancaire traditionnel. Il est plus rapide, moins coûteux et universel. Les diasporas de pays  en voie de développement ont été parmi les premières à les utiliser régulièrement pour transférer de l’argent « au pays » ou pour épargner des économies sans se soucier de l’évolution du cours de change avec leur monnaie nationale souvent sujette aux soubresauts d’une inflation galopante.

Comme on le voit, la cryptomonnaie présente, sur les mêmes principes que la monnaie physique, bien des avantages qui induisent une notoriété grandissante dans le monde à tel point que dans les contrats faramineux de certains joueurs de football certaines clauses prévoient des paiements salariaux  en monnaie numérique. En 2008, l’unité de devise du Bitcoin ne valait presque rien et atteint aujourd’hui plusieurs milliers de dollars.

PARTIE 3 : DEVELOPPEMENT ACTUEL DES CRYPTOMONNAIES DANS L'ECONOMIE MONDIALE

Le Bitcoin a été la première monnaie numérique créée et d’autres ont suivi. Ainsi sont apparues des dizaines de devises telles que : Ethereum, Tezos, BitcoinCash, Ripple. L’US Dollar Coin (USDC) , nouveau venu, est rattaché à la valeur du Dollar et constitue un « StableCoin », une monnaie numérique stabilisée. Il s’agit là d’une option pour transférer facilement de l’argent et le convertir ensuite en Dollars ou dans une autre devise sans se soucier de fluctuations importantes sur une période de temps courte.

La pandémie de Covid-19 a favorisé le développement de la cryptomonnaie puisque les déplacements physiques de personnes étaient limités notamment ceux de travailleurs étrangers séparés de fait de leur famille restée dans leur pays d’origine. Les transferts d’argent pouvaient se faire librement sans frais importants.

La facilité d’utilisation de la cryptomonnaie détachée de toute instance étatique a favorisé son adoption par certaines organisations de crimes organisés à tel point que nombre de gouvernements notamment occidentaux  ont commencé à légiférer pour apporter un cadre juridique à ses nouvelles transactions.

Même si dans le principe la cryptomonnaie représente une façon d’échanger de la valeur à l’ère numérique, son développement en un peu moins de 15 ans reste une bulle prometteuse sans garantie toutefois d’adoption massive et a un poids anecdotique dans l’économie mondiale. Aujourd’hui, 8% des français ont investi dans les cryptomonnaies mais ces investissements restent très volatiles avec des rendements variables. Les levées de fonds d’une trentaine de startups françaises dépassaient le milliard d’euros. Le secteur employait à peine plus de 1000 salariés mais connaissait une croissance soutenue.

CONCLUSION

Au-delà de l’aspect technologique qui expose la cryptomonnaie comme une alternative fiable et moderne pour des transactions, il est nécessaire de considérer ses limitations à l’usage qui en font jusqu’à présent un moyen de paiement assez peu diffusé car mal connu, surveillés par les gouvernements dont le but in fine est d’adopter cette technologie pour quantité de transactions mais sous leur contrôle et dans un cadre législatif adapté. La Chine, les USA et bientôt l’UE avec la réglementation MICA (Markt In Crypto Assets) banaliseront à l’horizon 2030 l’usage des cryptomonnaies officielles d’Etats qui viendront s’ajouter à toutes celles créées depuis 2008 et dont beaucoup disparaîtront à terme. Il ne devrait donc rester que des cryptomonnaies historiques comme le Bitcoin et toutes celles d’Etat créées pour compléter les usages faits avec les monnaies physiques.

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